mercredi 25 juin 2014

Anthony Swofford - Jarhead, la fin de l'innocence

 

Jarhead


Auteur: Anthony Swofford
Parution française: 2004
Éditeur: Pocket
Pages: 346

Prix: 7 Euros



Synopsis

Témoignage autobiographique.

En 1991, l'opération " Tempête du désert " est lancée en Irak.

Engagé volontaire à 17 ans dans les Marines, Anthony Swofford devient l'un de ces " jarheads " à la tête rasée jetés dans un enfer de peur, de frustration et de destruction. Formé, ainsi que ses camarades, comme une machine à tuer, il erre face à un ennemi fantôme, dans des paysages désolés peuplés de puits de pétrole en flammes et de cadavres. La nouvelle doctrine du " zéro victime américaine " fait la preuve de sa monstrueuse efficacité.


Comment survivre a ce combat douteux, à ces cinq années absurdes, inhumaines, burlesques parfois, aux ravages que la guerre commet sur des jeunes gens immatures, dans cette mascarade héroïque qui allait tourner au désastre ? Il faut commencer par raconter... Un témoignage égal aux plus grands romans de guerre.


Mon avis


Voilà près de cinq ans que Jarhead trône dans ma PAL. Commencé deux fois, aimé deux fois mais arrêté en plein milieu pour je ne sais plus quelles raisons, j'ai eu l'envie subite de le relire, pour le finir cette fois. 

Une chose est sûre, Anthony Swofford ne mâche pas ses mots. Les insultes fusent, contre lui, contre la guerre, contre l'armée, contre les civils restés bien au chaud au pays. On pourrait en être choqué mais l'évidence est là: un Jarhead ça jure haut et fort, contre tout et tout le monde car la grossièreté est une expression de la douleur qui en vaut une autre Ils se traitent d'enfoirés comme d'autres s'appellent "mon pote". Quand Swofford nous décrit son apprentissage au sein des Marines, on découvre les valeurs étriquées des gradés qui, pour motiver les troupes, font comprendre aux jeunes recrues qu'ici il faut être un homme, pas une tapette. Enculé, gobe-foutre, tarlouze, autant d'insultes connotées considérées comme nécessaires qui me font réaliser que la levée du tabou homosexuel dans l'armée US en 2011 est une avancée qui a dû énormément chambouler ce quotidien mis en place au fil des années.

Jarhead ne raconte finalement que très peu la guerre, contrairement a ce qu'on pourrait penser en lisant la 4ème de couverture.  Il est surtout décrit "l'avant guerre": de l'enfance de l'auteur où il se voyait déjà héros militaire jusqu'à son enrôlement dans le corps des Marines  et "l'après guerre" avec ses désillusions et ses blessures à panser. 

Dans ce témoignage, j'ai particulièrement apprécié le rythme mis en place: les époques se mélangent harmonieusement pour faire de cette lecture un moment agréable ou on apprécie de découvrir les étapes qui constituent la vie de l'auteur, sorte de parcours initiatique du Marines. 
Malgré le thème, que je trouve personnellement assez noir, ce témoignage possède l'avantage de décrire tout ça avec humour et les situations burlesques qu'il a vécu ne sont pas oubliées. Sans être à se taper le cul par terre (charmant, n'est-ce pas), l'écriture de Anthony Swofford est bien maitrisée et on comprend que sa passion pour la lecture, qu'il nous décrit de temps en temps, en est pour quelque chose.

Je recommanderai ce livre à ceux qui ont déjà un intérêt, même minime, pour ce qui se passe au sein d'une armée, à ceux qui sont sensibles aux parcours initiatiques en roman (car pour moi, il s'agit bien de cela) et à ceux qui, tout simplement veulent faire bonne figure quand pépé se met à déblatérer sur les Ricains et leurs guerres à la noix...(ça peux être utile en repas de famille, si, si). Bien entendu, ce ne sont que les souvenirs et l'avis d'un soldat parmi tant d'autres mais je pense qu'il y a plus de vrai dans ce témoignage que dans n'importe quel livre d'histoire dédiant un chapitre à cette période de l'histoire US.  

Sam Mendes a mis ce témoignage en image en 2005 dans Jarhead, avec Jake Gyllenhaal dans le rôle de Anthony Swofford.

* La 1ère Guerre du Golfe a duré 6 mois, de Août 1990 a février 1991. Les batailles décrites par l'auteur font référence à l'opération Tempête du Désert, la phase critique de cette guerre, qui a duré un mois.
 





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